Comment la procrastination peut vous rendre plus créatif
Et si être procrastinateur vous aidait à être plus créatif ?
Dites adieu à votre culpabilité !
Non seulement, la procrastination est un phénomène naturel mais, bien exploitée, la procrastination peut devenir un véritable terreau pour développer une créativité personnelle insoupçonnée.
Alors, comment mettre à profit vos moments naturels de procrastination pour être plus créatif ?
Que signifie procrastiner ?
Procrastiner signifie la tendance à remettre au lendemain. Le procrastinateur diffère des tâches dans le temps. Or, dans un monde qui vit dans l'immédiateté et le diktat du « toujours plus vite », la procrastination est devenu un comportement à abattre (voire qui sait, le procrastinateur lui-même !).
D'ailleurs, la supposition que la procrastination équivaut à une faiblesse personnelle est largement relayée dans la société par ce dicton populaire « ne jamais remettre à demain ce que vous pouvez faire aujourd'hui ». Pour beaucoup, il faudrait complètement arrêter de procrastiner.
En fait, le vrai problème de la procrastination n'est pas tant de reporter quelque chose qui pourrait être fait plus tôt, mais de reporter quelque chose qui devrait être fait maintenant.
Toutefois, comme l'écrit la journaliste Fleur Daugey « procrastiner ne veut par dire « ne jamais faire » - on finit toujours par faire - « Le tout est d'utiliser le délai entre « ne pas faire » et « faire » de manière positive, c'est-à-dire sans se culpabiliser ».
BONUS : Identifiez les 5 grandes raisons qui vous font procrastiner
En bonus, découvrez aussi deux raisons méconnues qui vous empêchent de résoudre vos problèmes de procrastination.
Changez votre regard sur la procrastination et les procrastinateurs
C'est pourquoi, pour mettre à profit vos moments de procrastination, vous devez modifier cette vision pessimiste de la procrastination et vous laisser porter par vos moments de procrastination tout en les encadrant.
Parce que ces moments sont tout simplement nécessaires à votre créativité.
Remettre au lendemain est plus créatif que d'agir sans attendre
Des recherches réalisées par le psychologue Adam Grant montrent que repousser une tâche au lendemain est plus bénéfique que de la réaliser sans attendre. Dans son étude auprès d'étudiants, les procrastinateurs modérés furent jugés 28% plus créatifs que les autres.
Adam Grant se définit lui-même comme un "précrastinateur" c'est-à-dire qu'il a tendance à agir sans attendre. Un précrastinateur fait tout en avance. Or, cette attitude n'est pas non plus celle qui aide à une meilleure créativité.
Ainsi, ce psychologue explique que les personnes qui démarrent sans attente sont dans un état d'anxiété qui limite leurs idées originales. Quant aux personnes qui attendent la dernière minute, elles ne peuvent pas non plus donner le meilleur d'elle-même.
L'hypothèse selon laquelle plus c'est rapide, mieux c'est, ne tient donc pas la route ! D'ailleurs, il est particulièrement perturbant que notre société glorifie la vitesse alors même que la réflexion et la délibération sont parfois beaucoup plus avantageuses.
Les procrastinateurs modérés savent utiliser leur temps de procrastination à leur avantage pour faire venir les idées originales et créatives. Parce que nous ne travaillons pas seulement au moment où nous sommes dans l'action. Une élaboration inconsciente est déjà à l’œuvre avant de passer à la réalisation.
Utiliser à bon escient, la procrastination favorise la pensée divergente. Vous devenez capable de trouver des connexions et des relations entre les concepts, les objets et les idées qui n’ont apparemment aucun lien.
Apprendre à procrastiner favorise l'émergence de nouvelles idées
Selon Adam Grant, effleurer une question puis la remettre délibérément à plus tard permet de passer plus de temps à envisager d’autres stratégies. Pour lui, « la procrastination vous donne le temps de considérer des idées divergentes, de penser de façon non linéaire, de faire des bonds imprévisibles. Du coup, le spectre des idées envisagées est plus large et on finit par choisir un chemin plus original. »
« La procrastination crée un espace propice qui permet à l'esprit de fonctionner en roue libre et d'intégrer des informations qui pourront être utilisées lors de la réalisation de la tâche ».
Fleur Daugey, Procrastiner pour mieux créer
L'effet d'incubation de la procrastination
Une période d'incubation est une période durant laquelle un problème est mis de côté, avant de faire de nouvelles tentatives de résolution.
En 2009, Ut Na Sio et Thomas C. Ormerod ont étudié les effets des périodes d'incubation sur la résolution de problème. Ainsi, ces chercheurs ont découvert que toutes les périodes d'incubation ne se valent pas. Les incidences sont différentes suivant les tâches que nous effectuons durant ce temps de procrastination.
L'étude montre que faire une tâche nécessitant peu de concentration comme le ménage ou la vaisselle permet un effet d'incubation plus important que de se reposer.
Par ailleurs, une autre étude a démontré l'effet positif du contact avec la nature dans la résolution de problématique. Ainsi, faire une balade en forêt ou rempoter des fleurs vous aidera aussi à trouver des solutions.
Mieux se connaître pour mieux procrastiner
Dans son livre « Procrastiner pour mieux créer », Fleur Daugey conseille ce petit exercice d'introspection sous forme de 3 questions :
- Quel est votre rapport au temps ? Déterminer votre ou vos périodes plus propices à la création.
- Quelle est votre capacité de travail ? Savez-vous combien d'heures d'affilée, vous pouvez rester concentré ? Cette connaissance vous aidera à planifier correctement vos activités.
- Que voulez-vous vraiment ? Répondre à cette question permet de choisir ses engagements. À quoi bon se lancer dans quelque chose qui ne vous plaît pas ? C'est la forme la plus grave de la procrastination, car elle vous fait passer à côté de vos rêves.
Ensuite, il convient d'identifier les activités procrastinatrices qui nous aident le mieux à créer. Dans quelles conditions votre esprit tourne en roue libre et créé des associations qui vous serviront pour les tâches à résoudre ?
Par exemple, l'historien William Pannapacker explique comment le temps passé par Léonard de Vinci sur ses travaux en optique lui permirent de peaufiner ses techniques de peinture et de créer les chefs-d'œuvre que nous connaissons aujourd'hui (La Joconde, La Cène notamment).
On ne produit pas une œuvre de génie en obéissant à un emploi du temps ou à un schéma.
William Pannapacker, letemps.ch
Les 3 émotions négatives qui empêchent d'agir
De nombreuses études démontrent que les émotions négatives déclenchent et intensifient la procrastination.
Plus ce que vous voulez accomplir a du sens pour vous, plus vos émotions seront fortes. Vos émotions négatives risquent de vous bloquer dans la réalisation de vos actions. Le doute, la peur et la culpabilité sont au cœur des émotions qui peuvent vous empêcher d'agir.
Le doute
Douter de soi paralyse. Mais, douter d'une idée est un bon stimulant. Remettre en question son idée permet de la tester, de la modifier et de la faire évoluer.
Alors, au lieu de vous dire « je suis nul-e », dites « je n'y suis pas encore ».
Dans tous les cas, si vous doutez, surtout ne lâchez rien !
La peur de l'échec
Tout le monde a peur de l'échec. Toutefois, certains d'entre nous ont encore plus peur de ne pas essayer. Et si vous déteniez l'idée du siècle, la chance de votre vie ?
Nos plus grands regrets sont nos inactions, pas nos actions.
Adam Grant, psychologue américain
Une vie juste consiste à voir ce qui doit être fait et à le faire, peu importe ce que vous en pensez à ce moment-là. Parfois, il convient simplement d'écarter vos pensées et ruminations parce qu'elles sont irrationnelles. Concentrez-vous uniquement sur ce qui doit être fait. N'oubliez pas, personne d'autre que vous n'agira à votre place.
La culpabilité
Le sentiment de culpabilité est un véritable frein à l'action et à la créativité.
Quand vous n'agissez pas alors que vous le devriez, examinez les opinions négatives que vous avez de vous-même. Car, rien ne sert de s'en vouloir quand on procrastine. La culpabilité est bloquante. Arrêtez de vous traiter de tous les noms et de vous dire que vous n'arriverez jamais à rien. Acceptez la situation, pratiquez l'auto-compassion puis agissez.
Le pouvoir de l'auto-compassion pour dépasser sa procrastination
Une attitude d'auto compassion consiste à être compatissant avec soi-même. L'auto-compassion invite à cesser son auto-critique et à ne pas ignorer ou réprimer ses sentiments.
Avec l'auto-compassion, nous nous donnons la même gentillesse et les mêmes soins que nous donnerions à un bon ami
Kristin Neff, Ph.D
Il s'agit ainsi de reconnaître vos difficultés, d'apprendre d'elles et de faire les changements nécessaires avec une attitude de bonté et de respect envers vous-même.
Pratiquez l'auto-compassion vous permettra de diminuer votre anxiété, de moins douter de vos capacités et de passer à l'action.
Qui est la créatrice de Nat La Niaque ?

Juriste, ingénieure sociale, Nathalie Merdrignac a travaillé pendant vingt ans dans le secteur social au sein de grandes institutions françaises. Depuis 2019, engagée dans un parcours créatif, elle s'est formée auprès de Julia Cameron, professeure, ex-épouse du réalisateur Martin Scorsese.
En tant que romancière, ses récits reflètent sa conviction profonde dans le pouvoir de l'expression personnelle et de l'autonomisation.
Créatrice des livrets d'auto coaching sous le nom de Nat La Niaque, elle offre aussi un service d'accompagnement individuel et sur mesure à tous vos changements de vie.

Sources :
Procrastiner pour mieux créer, Fleur Daugey - Actes Sud, 2021
A. Grant, The surprising habits of original thinkers TED 2016
Comment lutter contre la procrastination chronique ? Amanda Castillo, Le Temps, 2017
Start Today or the Very Last Day ? The Relationships Among Self-Compassion, Motivation, and Procrastination, Jeannetta Gwendolyn Williams and Shannon Stark and Erica Foster and Arthur, 2008